dimanche

Voyelles

A noir, E rouge, I bleu, U vert, O blanc,- voyelles,
On a dit quelque jour vos naissances latentes.
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre; E, pourpres, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes;
I, sang figé, Clairon plein des strideurs Atlantes,
Silences traversés des bleus frissons d'ombelles.

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux.

O, suprême candeur de ces Vapeurs étranges,
Lances des glaciers fiers, des Mondes-Rois, des Anges,
O l'Oméga, ultra-violet de Ses Yeux !


Contrainte de ce texte : décliner le poème de Rimbaud à partir d'une autre série de correspondances.
Cet ordre : A noir, E rouge, I bleu, U vert, O blanc, est l'autre ordre possible avec le système de Rimbaud. Au lieu de se suivre, les couleurs complémentaires (noir/blanc, rouge/vert) se font face. Le bleu, couleur de synthèse, prend naturellement sa place au milieu.
Je rappelle le système de Rimbaud (il y en a un malgré les tenants du marxisme littéraire qui nient toute référence au symbolique) :
1) L'ordre des voyelles est celui de l'alphabet grec, de Alpha à Oméga.
2) l'ordre des couleurs est celui qui découle d'une logique de succession fondée sur le noir (absence de couleur). Vient ensuite le blanc (sa complémentaire). Suit le rouge, qui est la première couleur du spectre. Vient ensuite le vert (sa complémentaire). Puis le bleu, puisque bleu suit vert dans le spectre. Cela explique pourquoi le jaune est absent du système. Et il se trouve (mais rien ne prouve que Rimbaud en avait connaissance) que la suite rouge/vert/bleu correspond aux couleurs primaires en physique.