mercredi

Folklore marin

Les fées des houles s'attachent à des grottes qui connaissaient tant de récits sans doute à des époques lointaines, aux marées d'équinoxe, à quinze ou vingt pieds sous l'eau : les autels de la ville d'Ys, les envahissements de la Mer de l'embouchure du Couesnon au Raz de Sein, les légendes qui racontent la Mari Morgan (sur nos côtes elle était connue).
Leur reine s'interrompit au milieu d'une phrase de corail que seule pouvait ouvrir - en un bruit sourd - une clé magique. Les marins disent que ce sont les enfants de Saint Servan, Sainte Madeleine ou Notre Dame de la Garde.
La Chambre d'Amour rappelle un château du monde souterrain. Parfois des Génies y emmenaient des plaisirs de toutes sortes, - une jeune fille qui se baigne sans être à proprement parler une de ces divinités dont personne n'a jamais vu le visage.
Les dunes de Normandie étaient aussi belles que des Bonnes Vierges. Une opinion courante chez les vieilles gens : certains promontoires battus par le vent se montrent tout à coup, se forment en rond, s'élèvent hors de l'eau.
Beaucoup de vieux marins d'autrefois, géants métamorphosés en nombre de points du Littoral, ont sonné dans les profondeurs de l'Abîme. D'autres noms semblent supposer le souvenir du temps où, en plusieurs endroits, certaines îles passaient pour des débris de leurs demeures.
Elles effeuillent les branches de romarin, les étangs que l'on voit au bord de la mer les emportent on ne sait où - dans les Landes.
Souvent au coucher ou au lever du soleil, on voit toutes les richesses de l'Océan. Ses vêtements brillent, si grands que la mer ne peut les recouvrir, - à sept cents lieues du rivage un pont miraculeux la réunit à la plupart des légendes (il peut être donné de voir émerger pour un instant la ville d'Ys des îles de la Manche et du Cotentin). Leur chant si doux et si mélodieux de grandes femmes blanches, qui rendait le vent favorable et la pêche abondante, était enveloppé des présages plus sûrs que ceux des meilleurs marins.

(sur un texte de Paul Sébillot)